mercredi 16 octobre 2013

Les "retrospectives" de Xavier (1)

Notre destination "finale" a bien change. Au debut donc, c'etait l'Inde via le Pakistan... Malgre nos passages a l'ambassade pakistanaise a Paris, puis Athenes et Ankara, le refus de nos demandes de visa a ete net. C'est bien le seul pays qui ait la meme politique d'ambassade partout dans le monde et pour toutes les nationalites : dans le pays de residence uniquement. "Pourquoi n'avez vous pas fait votre visa a Paris ? Pourquoi n'etes-vous pas mieux organises ?". Le consulat a Paris, n'ayant meme pas pris soin d'observer les pieces amenees nous a enumere ce qu'il fallait fournir (dont la plupart etaient sous ses yeux) : copie du passeport, 40euros, photos d'identite, releve de compte bancaire, itineraire detaille, reservations d'hotel, billet d'avion retour et, le plus dur, visa chinois ou indien... puis entretien quelques mois plus tard avec le consul une fois ce dossier constitue. Bref, le tout sur un ton dissuasif et expeditif. Le president de l'association franco-pakistanaise nous confirmait quelques jours apres que la politique de l'ambassade etait de fermer les portes au tourisme, certainement face aux derives des touristes eux-meme une fois au Pakistan (entree dans des zones non recommandees, utilisation abusive d'images desservant la culture pakistanaise...). Sur son conseil, on tentait notre derniere chance a Ankara, les relations turco-pakistanaises etant plutot bonnes... Mais n'etant ni turque ni resident en Turquie, impossible de faire une demande ici non plus. Pas grave, on s'y attendait, on savait que le visa paki n'etait pas gagne. D'ailleurs maintenant, l'ete etant deja bien installe, descendre au sud de l'Iran sous ses 60 degres, c'est pas le meilleur moment. Arrives a Teheran, on se penche alors sur le plan B, via le Turkmenistan, Ouzbekistan, Kirghizistan puis la Chine pour rejoindre "l'autre bout". L'essentiel n'etant pas la destination, mais le voyage lui meme...

Le visa iranien a par contre ete plutot facile a obtenir, malgres 80 euros extra (2x40) payes a une agence a Ankara, pourtant recommandee par l'ambassade iranienne d'Ankara. Cette agence ne nous a jamais rappele ni envoye de mail pour nous donner le fameux numero d'autorisation delivrant le visa. A-t-il fait son travail ou simplement empoche les billets ? Malgre tout, 3 semaines de route plus tard, nous arrivions au consulat d'Erzurum avec la facture que nous avions demande a l'agence... Le consul, tres comprehensif, a debloque la situation apres 3 jours d'attente et de procession au consulat... La patience, encore une fois, a porte ses fruits.
Un soir sur le bivouac, on pose les yeux plus serieusement sur cette route B d'Asie centrale. On realise que, par cette route, on aurait la possibilite d'emprunter la route de la Pamir (M41) au Tadjikistan pour rejoindre le Kirghizistan. Une belle occasion d'observer les choses d'un peu plus haut... On se penche de plus en plus sur cette route. Des cols a plus de 4000m d'altitude, le commencement de la chaine himalayenne attise notre curiosite. Notre "timing" est encore bon, il est encore temps d'emprunter cette route pour rejoindre la Chine avant que le grand froid en prenne possession pour plusieurs mois...

Retrospective de ces 7000km ?
Aucune raison de se plaindre. Tellement chanceux de pouvoir vagabonder au gre des vents et des rencontres. Je dirais : la "con-tem-pla-tion !" quotidienne, l'observation et les echanges nous nourrissent pleinement. Jusqu'ici, aucun hotel, ni camping, ni de bus, ni de train. Parce que jusqu'a present, il n'y en a pas eu besoin. Sans etre des "puristes", loin de la, cela risque de changer... Notamment a cause d'un visa iranien trop court (1 mois pour 2000km) et tant de chose a visiter en Iran, les visas a faire a Teheran (Turkmenistan, Tadjikistan). Et un visa turkmene de 5 jours pour 600km. Et l'envie d'etre a Dushambe au plus vite pour entamer la route de la Pamir... Pas de gros soucis physiques non plus : petite tendinite rotulienne pour Camille, quelques piqures de moustiques voraces (surtout pour Camille), une tourista gaiement partagee a 48h d'intervalle avec 3 jours de diarhee pour ma part. Pas tellement de soucis mecaniques non plus : un cable de frein, un patin de frein, une reparation (collage PVC) sur les sacoches avant de Camille qui ont tres tot commence a souffrir de quelques trottoirs (merci d'ailleurs a Pashke de Lasha en Albanie de nous avoir heberge et prete son garage pour reparer tout ca !!). Recemment, mon Rohloff a fait des siennes. Apres plus de 70.000km et un tour du monde avec Georges, des sautements et craquements sont survenus dans le bloc un peu avant Tabriz. Les cables pourtant de tension bonne, l'huile encore bonne (6300km), tout est conforme et bien regle, je ne comprends pas... C'est maintenant ! Merde! Comment faire... Contacte aussitot Vincent Goetz, de Rohloff France. Ayant explique la situation, il a ete comprehensif et va faire envoyer un autre bloc a Tashkent, en Ouzbekistan. L'embargo sur l'Iran l'empeche de l'envoyer a Teheran... Sur ce genre de probleme, pas grand chose a faire. Mais le service Rohloff est efficace, en un appel de 20min, l'envoi etait decide. On fera le detour par Tashkent pour changer le bloc avant de partir pour Dushambe et entamer la Pamir.


Nous ne sommes pas les seuls a vouloir cette envie d'aventure, de changement et d'experience "autour du monde". La preuve en est du don que m'a fait George. Retraite, il a passe 3 ans a voyager en velo. Marcel, 65 ans, avec qui nous avons partager quelques journees, profite lui aussi de sa retraite. Jess et Alban, ce couple franco-suisse en Pino haze, qui partent rejoindre en premier lieu l'Asie du sud-est. Et tant d'autres sur ces 10 ou 20 dernieres annees certainement. Le voyage a velo est devenu une maniere de voyager populaire, du moins plus commune de nos jours. Preuve en est aussi : cet iranien que l'on a rencontre sur la route. Il prend en photo et suit les blogs de tous les cyclo qui sont passes en face de chez lui. Il a repertorie quelques 150 personnes en 16 mois, passees par la meme route que nous. Le voyage a velo est a la portee de tous maintenant. D'ailleurs, je dirais que sur ce genre d'experience, il y a 20% de physique... et 80% de mental. Revolu le temps des premiers cyclo explorateurs, charges bien plus que de nos jours. Souvent, on essaie de s'imaginer le voyage a velo "comment c'etait avant". Les routes etaient des pistes, telephone et internet n'etaient pas si presents qu'aujourd'hui. Les visas, pour les plus culottes, pouvaient etre trafiques pour une extension. Et qu'en etait-il des ennuis mecaniques ? Pas de service international Rohloff ni de DHL. Nous envions parfois cette epoque...