lundi 8 avril 2013

Innsbruck - Rogoznica

Partant d'Innsbruck, le Föhn nous freine ou nous pousse, nous mets à l'épreuve. La neige nous arrete quelques kilometres avant le col du Brenner. Un ancien troquet, enclavé entre le ferroutage et l'autoroute, laissé a l'abandon, nous accueillera pendant deux nuits, le temps que le ciel se degage. Hiverné 36 heures dans le sac du couchage, nous laissons notre tete vagabonder, réaliser ce qui se passe, apprécier la chaleur du sac et regarder la neige tomber... On s'observe et on laisse errer les pensées. Aller à l'essentiel, vivre dans la nature, observer le monde, l’inconnu du quotidien… il faut maintenant s’adapter à ce nouveau mode de vie et trouver son rythme.
Reposé, relaxé, nous apprécions la chaleur d’un café italien et écoutons d’une oreille la célébration du nouveau pape Francisco à la télé du troquet. Des eglises au gout latin, les pins du sud, l’allure et les traits italiens sous un accent allemand, nous découvrons la province autonome du Tirol sous une lumière encore bien blanche. Nous passons le Monte Croce et changeons de langue. L’Italie de l’imaginaire se confronte au paysage hivernal des Dolomites.

Au hasard des poses et des accueils, des discussions sur l’état du monde, sur le sens de l’existence. Jeune, vieux, parent, voyageur. Entre ceux qui nous offrent de la monnaie pour nous aider à voyager ou nous offrent des cafés au petit matin, les interrogations sur le sens donné à nos société se retrouvent et font tourner les méninges à plus d’un d’entre nous. Récuperer le gachis des supermarchés, recycler, occuper des lieux desertés. C’est d’abord se défaire de tas de préjugés, laisser tomber des peurs. De maisons abandonnées ou détruites par le feu, à des vestiaires de foot avec douche chaude autrichiens en passant par la caserne des pompiers italiens, nous dormons là où place se trouve pour nos bécanes nomades, là où l’accueil se présente.

Après 150km de descente des Dolomites, on s’octroie un blanc del Fruili, une pizza et des lasagnes au canard à l’italienne... On s’arrete à l'Eglise près de la frontière slovène et on honore le buffet et la messe des Rameaux auxquels nous sommes invités. Nous quittons l’Italie les sacoches pleines de gateaux et un rameau d’olivier sur le guidon. On nous accompagne pour trouver la route la plus simple pour rejoindre la Slovénie.

Direction Slovénie. L’hospitalité italienne fait place à l’hospitalité slovène… Croyant l’hiver terminé, nous nettoyons les vélos avec l'aide de 2 bricoleurs, originaires du Kosovo. Puis vient Pravzina, des temperatures froides et un fort vent siberien nous arrete. De la glace sur le manteau. Boyan nous alerte sur le danger du Bora qui sévit à quelques kilomètres de là. Nous l’écoutons et le retrouvons par hasard à la sortie du café… nous le suivons alors chez lui, partageons avec le grand-père une soupe et un vin blanc fait maison, discuté et échangé toute la journée ... un bonheur. Le vent violent nous a empeché de rouler et c'est tant mieux…

Traversée de la belle Slovénie, nous passons les 1000 km. Nous nous rapprochons de la mer tout autant que du printemps. Nous passons la frontière sloveno-croate, sous contrôle des passeports, « détecteur de marijane » et intimidations par interrogatoire. Le touriste en voiture dérange moins que l’errant à vélo... La cote croate marque la fin des doigts froids. Il fait beau, les pieds dans l'adriatique et les yeux dans l'horizon... Nous faisons le point : 5 euros par jours et par personne depuis le départ.
Lundi de Paques parsemé d'averses, nous atterrissons sur l'Ile de Pag. La saison touristique n’a pas encore commencé et nous profitons de ce calme pour découvrir l’autre Croatie. Guitounes et paillottes désertées, maisons et projets immobiliers arrêtés en cours, comme abandonnés en vitesse et laissé en l’état. Parfois résultat de la guerre ou de faillite financière, nous sommes stupéfaits.

S’arreter là où le cœur en dit, là où la discussion surgit, là où un regard s’échange… Au hasard des rue de Zadar, nous rencontrons Beban, qui nous a offert un accueil chaleureux. Depuis 2 ans, il a monté un micro atelier vélo pour lequel nous avons fait une donation (136 Kuna, soit une pompe à vélo du tonnerre), retape une caserne abandonnée. Ras-le-bol, on recherche l’autonomie.

Rogoznica, nous retrouvons Loïc. Voyageur de long court, nous nous re-croisont, car il était lui aussi present a la velorution universelle à Concarneau. Apres 10 mois environ sur la route des pays de l’est pour sa part, et pres de 12 000 kms... Il les visite copieusement, demandant l’hospitalite pour pouvoir mettre sa tente dans le « jardin » aux gens croisés sur la route. Nous profitons de cette rencontre pour échanger nos sentiments par rapport a la vie en velo, ici et la… Quand nous nous retrouverons ? Qui sait !!! En tout cas, nous avons bien rigole dernierement sous le ciel de Rogoznica, petite ville de pecheur…