jeudi 13 avril 2017

Éphémère Slovaquie...

Deux semaines de traversée slovaque... Deux semaines de montagnes, de rivières et de forêts, qui contrastent radicalement avec les paysages de plaine et d'industries en Tchéquie.

Que reste-t-il de la Tchécoslovaquie ? De ce pays éphémère, créé et dissous par la guerre, dont on nous parlait dans les livres d'histoire ? Outre les cimetières militaires et les anciennes machines de guerre, c'est le souvenir d'un pays fort qui reste dans les mémoires. Un pays avec deux entités qui se complétaient : dynamisme économique côté ouest, ressources naturelles côté est. " On était plus fort ensemble. Personne ne voulait la séparation". Intérêts et divergences politiques ont statué.
Si personne n'a compris cette décision, personne n'a compris non plus pourquoi seule la Slovaquie a adopté l'Euro. De vagues écarts dans les critères d'éligibilité qui ne suffisent pas à convaincre les locaux...

"Il fait bon vivre en Slovaquie. Mais le plus dur est de trouver un bon patron qui assure rémunération."
De nombreux jeunes rejoignent l'Eldorado londonien pour se constituer un apport financier. L'entrée de l'ex-Tchécoslovaquie, et plus globalement des pays de l'ex-Union soviétique, dans l'espace Shengen est une aubaine pour les jeunes. Un à deux ans de travail acharné pour rentrer s'installer au pays, fonder une famille, construire une ​maison.
Flux de travailleurs d'un côté, et investissement massif de l'UE de l'autre (infrastructures routières, traitement des eaux, sites culturels...). L'argent coule à profusion jusqu'aux portes de l'Ukraine.

Nous longeons la frontière polonaise et gardons le cap vers le nord montagneux du pays. La météo se joue de nous, et nous succédons aux averses de pluie et de neige. Les nuages s'enroulent dans les vallées puis s'évaporent au premier soleil.
Nous nous rapprochons des Tatras, au plus haut du massif des Carpates. À l'horizon, les forêts semblent hachées, les versants sont perforés, d'innombrables troncs d'arbres s'entassent sur le bas côté. Des dizaines de bulldozers nettoient encore le cauchemar qui ronflait sur le bijoux boisé de Slovaquie il y a plus de dix ans. En 2004, des vents violents ont abattu en quelques heures des milliers d'hectares de forêt. Un désastre culturel et économique, qui laisse sa place aujourd'hui aux conséquences écologiques. La destruction massive d'écosystèmes prive de nourriture les populations d'ours qui descendent dans les villages, et favorise la prolifération d'insectes qui continuent le ravage des arbres encore intacts...

Nous nous rapprochons de l'Est de la Slovaquie. Entre le dialecte ukrainien, les écritures en cyrillique, les babouchkas et les treillis militaires, l'atmosphère change peu à peu.

Éphémère Slovaquie, l'Ukraine est à deux pas...

samedi 1 avril 2017

En route de nouveau...

Le contre coup du depart se fait sentir. Nous reprenons peu a peu nos marques et retrouvons nos habitudes dans l itinerance. Les jours sont courts, et laissent peu de place a l ecriture. Parce qu il faut refaire les muscles, parce que les fraiches journees de mars nous aspirent une quantite d energie, on se concentrent sur l essentiel. Bien manger, dormir, et pedaler. Chaque pause au dehors nous saisi la peau et nous tend le corps. Chaque pause au dedans nous relache et nous endort... Premieres violettes en bordure de chemin, le printemps s eveille enfin...

Stop. On rembobine. 1400 kilometres. Deja...
Presqu un mois sur la route. Un mois a accueillir des rencontres et des paysages, alors meme que l image de la cathedrale de Strasbourg trotte encore dans nos tetes.
Pouvait on rever mieux comme depart ? Midi, des dizaines de copains au RDV, nos mamans en premiere ligne, et le vent qui balaie comme par surprise les gouttes de pluies. Comme si la chaleur de ce moment avait eu raison des intemperies. Des bracelets s accrochent a nos poignets et des poignees de riz degringolent sur le pavé. Comme une bénédiction, une noce de protection...
Nous filons lourdement dans la rue Merciere. 3, 2, 1... Nous ne voyons plus que ceux qui ont enfilé leur vélo pour nous suivre encore sur quelques kilometres.
Pont de l Europe. Un a un, les copains commencent a rebrousser chemin. Dernieres embrassades, dernieres galipettes et dernieres rigolades, les images semblent gravees dans nos yeux. Est ce qu eux realisent plus que nous ce que nous entreprenons ? Nous tournons au coin de la rue, un immeuble, puis ils disparaissent...

Allemagne. Est ce un aurevoir ?

De la foret noire a la foret blanche, nous retrouvons en 48h la pluie, le soleil et la neige. Comme pour nous rappeler notre fragilite face aux elements, la variabilite du temps et les reflex a adopter.
La descente du versant Est nous ouvre de nouveaux horizons : les Schwabischen Alb, le Neckar puis le Danube.
Tout au long de notre sejour chez eux, badois, puis bavarois, viennent nous chercher et nous proposent l hospitalité. Camille accede encore a la langue, ce qui nous permet de derouler les unes apres les autres les histoires de ceux que nous rencontrons. Dans une des régions les plus riches d Allemagne, et certainement du monde, l ouverture des habitants sur notre chemin auront eu raison de nos prejuges. L attention qu ils nous apportent sont notre carburant, et nous donne l energie pour avancer en ce debut mars ou le froid nous grippe.
Nous traversons le Sud de l Allemagne, ou les milliers de metres carres de panneaux solaires, propulses par les aides financieres, marquent le tournant energetique allemand. Nous pensons a tous ces espaces agricoles dedies aux produits energetiques, et a tous ces metaux rares importes d Afrique ou d ailleurs... Energie, plein emploi ou refugies. Autant de questions qui resonnent dans les discussions ici en Allemagne comme ailleurs...
Nous passons par Dachau, avant de remonter vers la frontiere tcheque. Folie de l humanite, heritage du passe. Les locaux nous racontent l apres guerre, ou plutot nous racontent qu elle etait inracontable. Pas un mot a l ecole, inabordable a la maison...

République Tcheque. Z avez pas vu Mirza ?

On aura vu Mirza. A chaque coin de rue, a chaque bout de parc, sur chaque trottoir. Pourquoi y a t il autant de tcheques qui possedent un chien ? Cela restera certainement une enigme jusqu a la fin de notre sejour chez eux (chez les tcheques, pas chez les chiens. Quoique...).
L odeur de charbon se renforce a mesure que l on s enfonce vers l Est. La taille des parcelles agricoles semblent demeusurees au regard de la taille du pays. Les chefs des anciens kolkhoses sont les PDG des societes actuelles. "Les pratiques intensives n ont pas change. Les polonais ont ete plus malins que nous, car a l epoque sovietique, ils ont refuses la nationalisation. Aujourd hui, ils ont encore des petites fermes."...
Prague, nous voila. Point d arret. Impatients d un repos qui se fait tant attendre... Prague fait partie de ces villes qui vous invite a la decouvrir, certainement par ses decors de chateaux de Belle au bois dormant et ses immeubles de poupees.
Si l omnipresence des paves dans toutes les rues du pays sont hostiles aux vélocistes... la densite des transports en commun à Prague et plus largement dans la Republique tcheque est remarquable... Heritage soviétique ? Pourtant, pas à pas, de nouvelles autoroutes et voies rapides maillent le territoire et assurent le transit des nouveaux automobilistes et des milliers de camions acheminant les pièces détachées des industries etrangeres encore presentes après la chute du bloc de l Est...
L argent de l Union Europenne arrose le pays alors même que l'Euro ne semble pas très convoité dans la contrée...